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Cancer du pancréas : Chimiothérapie

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red and yellow pills on white backgroundLa chimiothérapie est délivrée soit par la bouche, soit par perfusion intra-veineuse pour les cancers du pancréas.

Les médicaments utilisés en chimiothérapie dans le traitement du cancer du pancréas sont :
– les antimétabolites (gemcitabine, 5-fluorouracile ou 5-FU et capécitabine) qui inhibent la fabrication (synthèse) des protéines et la réplication de l’ADN en bloquant les enzymes clés de ces mécanismes et en s’incorporant « frauduleusement » dans les acides nucléiques (ADN et ARN) présents dans le noyau de la cellule tumorale. Ces médicaments privent en quelque sorte les cellules des moyens de se diviser, provoquant ainsi la mort de la cellule cancéreuse plus sensible que la cellule normale car se trouvant en état de multiplication constante. Ces médicaments sont administrés selon les cas par voie intraveineuse (gemcitabine et 5-FU) en perfusion ou par voie orale (par la bouche) pour la capécitabine,
– les dérivés du platine qui ont pour action d’empêcher la réplication de l’ADN entraînant ainsi la mort de la cellule cancéreuse. Les dérivés du platine utilisés dans le cancer du pancréas sont l’oxaliplatine ou le cisplatine,
– les inhibiteurs d’une enzyme appelée topoisomérase I qui dérèglent la structure de l’ADN des cellules tumorales (irinotecan).
Certains produits sont donnés en association. Les sels de platine (oxaliplatine) ou l’inhibiteur de topoisomérase I sont associés au 5-FU. Ces associations sont couramment appelées respectivement « FOLFOX » ou « FOLFIRI ».
Parfois, ces 3 molécules sont combinées, donnant le schéma « FOLFIRINOX » dont l’utilité a été validée récemment (2010).
Les médecins décident, au cours d’une RCP, un protocole de chimiothérapie composé des médicaments qu’ils jugent les plus adaptés à chaque patient en fonction des connaissances scientifiques et des éventuelles contre-indications à tel ou tel médicament.
Ils peuvent également proposer au patient de participer à une étude clinique. Les modalités d’administration des traitements (durée, fréquence) varient alors selon les protocoles.

Comme tous les médicaments, les chimiothérapies peuvent donner des effets « secondaires ». Leur survenue n’est pas systématique mais elle est fréquente. Leur intensité ou leur gravité est très variable d’un sujet à l’autre. On dispose maintenant de nombreux médicaments qui permettent d’atténuer voire d’empêcher certains effets secondaires. Le médecin les prescrit en fonction du risque du protocole et les adapte en fonction de chaque tolérance individuelle.
Il est difficile de résumer les effets secondaires des chimiothérapies utilisées dans les cancers du pancréas car ils dépendent évidemment du protocole utilisé. Il est de la responsabilité du médecin qui administrera la chimiothérapie d’informer sur les effets secondaires provoqués par le protocole administré.
Pendant toute chimiothérapie, il existe un risque temporaire de baisse des globules blancs (avec un risque d’infection) et des plaquettes (risque d’hémorragie). Une prise de sang avant chaque cycle est nécessaire afin de juger si la cure peut être réalisée ou non. Si les globules ou les plaquettes sont trop bas, le médecin peut décider de retarder le traitement et/ou d’en diminuer les doses.

Sans être complète, voici une liste des effets secondaires les plus fréquents que l’on peut observer avec les principaux médicaments de chimiothérapie utilisés dans les cancers du pancréas :
– Gemcitabine : elle est en général bien tolérée. Les effets indésirables pouvant survenir sont fièvre, frissons, douleurs musculaires survenant habituellement dans les 48h suivant la perfusion, fatigue, perte d’appétit, nausées, vomissements,
– 5-FU et capecitabine : diarrhée, aphtes dans la bouche, modification de la peau des mains et des pieds et très rarement douleurs thoraciques d’origine cardiaque imposant l’arrêt immédiat du traitement. Les modifications de la peau des mains et des pieds sont plus fréquentes et en général plus sévères avec les formes orales (capécitabine) qu’avec les formes intraveineuses (5-FU),
– Oxaliplatine : neuropathie (fourmillements souvent liés au froid) cumulative (cette neuropathie augmente au fur et à mesure des cycles), mais réversible et pouvant être prévenue par l’interruption du produit avant que la neuropathie ne soit sévère,
– Irinotécan : fatigue, diarrhée, syndrome vagal, perte transitoire des cheveux,
– Erlotinib (comprimés) : éruption ressemblant à de l’acné ou diarrhée.
Certains effets secondaires comme la perte de cheveux (pourtant toujours temporaire) sont très redoutés par les patients mais ne mettent pas la vie en danger. D’autres moins connus et donc moins redoutés par les patients sont potentiellement plus graves et doivent être bien expliqués par le médecin.
D’autres recommandations indispensables doivent être ajoutées. En cas de fièvre supérieure à 38°5 au cours de la chimiothérapie ou de saignement, il faut impérativement faire une prise de sang en urgence. Si celle-ci montre une baisse importante des globules blancs et/ou des plaquettes, il faut contacter immédiatement le médecin qui pourra décider d’une hospitalisation en urgence pour administrer des antibiotiques par voie veineuse (en cas de baisse des globules blancs) ou exceptionnellement une transfusion de plaquettes (en cas d’hémorragie).
En cas de vomissements importants et/ou une impossibilité de s’alimenter et surtout de boire, il est indispensable de contacter le médecin pour qu’il puisse juger de la nécessité d’une hospitalisation pour réhydrater le patient, généralement par des perfusions. En cas de douleurs dans la poitrine pendant un traitement par 5-FU ou par capécitabine, il faut immédiatement arrêter le système de perfusion autonome (le médecin doit expliquer comment) ou la prise de comprimés et aller aux urgences de l’hôpital le plus proche pour faire un électrocardiogramme.
Les effets secondaires de la chimiothérapie ne surviennent pas systématiquement mais il ne faut pas les négliger. Les conseils donnés dans ce chapitre ne doivent pas dispenser le patient d’une information complète qui sera faite par l’équipe soignante.
Le patient doit alors discuter avec elle en cas de symptômes jugés inhabituels et bien décrire les effets secondaires subis : ceci permettra d’adapter les médicaments prescrits pour éviter ou atténuer les effets secondaires.

D’autres traitements de chimiothérapie sont en cours de développement, notamment ce que l’on appelle les thérapies ciblées qui permettent de mieux traiter certaines cellules cancéreuses et donc de présenter une meilleure tolérance.