« PRIME » au Panitumumab en première ligne de traitement des cancers colorectaux métastatiques sans mutation de KRAS
L’adjonction au schéma FOLFOX du Panitumumab en première ligne métastatique augmente la survie sans progression des patients porteurs d’un cancer colorectal métastatique KRAS sauvage.
Le cancer colorectal atteint à travers le monde environ un million de personnes chaque année.
Les inhibiteurs des récepteurs de l’EGF, sur des bases fondamentales précises, ont démontré leur activité chez des patients sans mutation tumorale de KRAS, en association avec les chimiothérapies conventionnelles, en première, deuxième et troisième lignes thérapeutiques pour le Cetuximab et surtout en troisième ligne thérapeutique pour le Panitumumab. Des autorisations de mise sur le marché (AMM) ont respectivement été accordées dans ces situations. Le Panitumumab n’avait cependant pas encore été testé dans une étude de phase III en première ligne thérapeutique.
L’étude PRIME est un essai de phase III randomisé, ayant testé en première ligne, chez des patients porteurs d’un cancer colorectal métastatique, l’association Panitumumab-FOLFOX Versus FOLFOX seul. Initialement, l’étude avait été construite pour randomiser tous les patients quel que soit leur statut KRAS puis l’étude fut amendée de manière à tester prospectivement les patients porteurs d’un statut KRAS sauvage. Les résultats finaux viennent d’être publiés dans le Journal of Clinical Oncology [1].
Patients et méthodes
2 183 patients furent randomisés en deux bras :
- Panitumumab à la dose de 6 mg/kg toutes les deux semaines associé à du FOLFOX 4 toutes les deux semaines (n = 593) ;
- FOLFOX 4 seul toutes les deux semaines (n = 590).
Le statut de KRAS a pu être défini chez 446 patients du bras Panitumumab et 560 patients du bras FOLFOX seul. Dans ces deux bras, un statut KRAS sauvage fut respectivement noté chez 325 et 331 patients. Le critère principal de jugement était la survie sans progression alors que la survie globale et le taux de réponse étaient des critères secondaires de même que le profil de tolérance.
Résultats
Ils furent prospectivement analysés en intention de traiter sur la base du statut tumoral de KRAS. Ils sont résumés pour les patients avec KRAS sauvage dans le tableau suivant :
Panitumumab- FOLFOX | FOLFOX HR | [IC 95 %] p | |
PFS (mois) | 9,6 | 8 | 0,8 [0,66-0,97] p = 0,02 |
OS (mois) | 23,9 | 19,7 | 0,83 [0,67-1,02] p = 0,072 |
RR ( %) | 55 | 48 | p = 0,068 |
Résections R0 ( %) | 8,3 | 7 |
Pour les patients avec KRAS muté, l’adjonction de Panitumumab au FOLFOX fut délétère comme indiqué dans le tableau ci-dessous :
Panitumumab- FOLFOX | FOLFOX HR | [IC 95 %] p | |
PFS (mois) | 7,3 | 8,8 | 1,29 [1,04-1,62] p = 0,02 |
OS (mois) | 15,5 | 19,3 | 0,124 [0,98-1,57] p = 0,068 |
RR ( %) | 40 | 40 |
Profil de tolérance
La tolérance fut celle attendue avec essentiellement plus de toxicité cutanée stade 3-4 dans le bras Panitumumab (36 % versus 1 %).
En conclusion
Cette étude démontre que l’association Panitumumab en première ligne métastatique chez des patients KRAS sauvage est bien tolérée et améliore significativement la PFS et non significativement la survie globale. On notera en revanche que cette association chez des patients KRAS muté réduit significativement la PFS et tend à réduire la survie globale.
Référence
[1] Douillard JY, Siena S, Cassidy J, et al. J Clin Oncol 2010;28:4697-705.