Intérêt de la radiothérapie encéphalique « in toto » adjuvante après radiochirurgie ou exérèse chirurgicale de métastases cérébrales : résultats d’un essai randomisé de phase III de l’EORTC
Après chirurgie ou radiochirurgie de métastases cérébrales de tumeur solide, la radiothérapie cérébrale in toto améliore le contrôle local mais, ni la survie, ni l’état général. Sa place reste donc à évaluer au cas par cas !
L’exérèse chirurgicale, la radiochirurgie et la radiothérapie encéphalique sont les principales options thérapeutiques des métastases cérébrales des tumeurs solides. L’intérêt d’une radiothérapie encéphalique in toto adjuvante, après exérèse chirurgicale ou radiochirurgie afin de diminuer le risque de récidives cérébrales, reste controversé. Cette problématique a été abordée par l’étude randomisée européenne de l’EORTC 22952-26001 ici rapportée [1].
Patients et méthodes
Après radiochirurgie (n = 199) ou exérèse chirurgicale (n = 160) de 1 à 3 métastases cérébrales de tumeurs solides non pulmonaires à petites cellules (dont 8 % de cancers colorectaux), 359 patients ont été randomisés entre surveillance (n = 179) ou radiothérapie encéphalique in toto (30 Gys en 10 séances) (n = 180). Les patients devaient avoir une maladie stable, un cancer primitif asymptomatique et un indice de performance de 0 à 2.
Le critère principal était le temps jusqu’à détérioration de l’indice de performance (PS ≥ 3), l’objectif étant d’améliorer le taux de patients avec PS < 2 à 6 mois d’au moins 11 % (50 % avec surveillance vs 61 % avec radiothérapie adjuvante). Les critères secondaires étaient le taux de récidives cérébrales, la survie globale, la survie sans progression, la toxicité et la qualité de vie.
Une stratification était réalisée en fonction du centre, du nombre de métastases encéphaliques (1 vs 2 ou 3), du traitement local (radiochirurgie vs chirurgie), de la présence de lésion tumorale macroscopique en dehors du cerveau et de l’état général (PS 0 ou 1 vs PS 2).
Résultats
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Le temps jusqu’à détérioration du PS ≥ 3 n’était pas significativement différent entre les deux bras de traitement (10 mois dans le groupe surveillance vs 9,5 mois dans le groupe radiothérapie adjuvante, p = 0,71), de même que la survie globale (10,7 vs 10,9 mois ; p = 0,89).
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La radiothérapie encéphalique in toto adjuvante était associée à une diminution significative du taux de récidives intracérébrales à 2 ans (78 % vs 48 % ; p < 0,001), que ce soit au niveau du site initial ou au niveau d’autres sites intracérébraux et ceci, particulièrement, chez les patients ayant bénéficié d’une exérèse chirurgicale. Une diminution du taux de décès d’origine intracrânienne (44 % vs 28 % ; p < 0,002) et un moindre recours à un traitement de rattrapage des récidives cérébrales (51%vs 16 %) étaient également observées après radiothérapie encéphalique in toto.
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La toxicité ne semblait pas significativement différente entre les deux bras de traitement.
Commentaires
Cette étude confirme les données d’études antérieures montrant que la radiothérapie cérébrale adjuvante permet, globalement, une amélioration du contrôle local intracérébral sans toutefois d’amélioration de la survie globale et surtout sans amélioration de l’état général [2,3]. Malheureusement, cette étude n’évaluait ni la fonction cognitive des patients qui, selon certaines études, pourrait être diminuée après radiothérapie encéphalique in toto [4], ni la qualité de vie.
Références