Toute personne qui a brutalement la révélation de sa fragilité, de l’incertitude de son destin, et est en proie à la peur et l’angoisse de son avenir, a besoin de beaucoup de chaleur, de compréhension, de compassion.
Mais comment trouver les mots justes pour être “en phase” ? Et, y a-t-il des mots justes ?
Le secret est d’abord de la laisser parler, s’exprimer. Ne vous précipitez pas pour faussement la rassurer, ou à l’opposé laisser percevoir votre propre peur laissant présager une catastrophe imminente. Mais posez les questions qui lui permettront de mettre des mots sur ces émotions : ainsi serez-vous capable de mieux comprendre ce qu’elle est en train de vivre, et réagir de façon plus pertinente.
Toutefois, pour pouvoir poursuivre un vrai dialogue tout au long de la maladie, il vous sera nécessaire d’acquérir un minimum de notions techniques concernant l’affection en cause, de vous familiariser avec un certain vocabulaire : que signifie exactement le diagnostic tel qu’il a été énoncé, mais aussi à quoi correspondent les divers examens, les traitements prescrits.
Quelques conseils :
– Méfiez vous des statistiques : il s’agit d’informations scientifiques, valables pour une population et non pour une personne précise. Par contre, certains éléments, énoncés dans des termes techniques tels “le stade*” ou “le grade*” de la tumeur, permettent au médecin d’évaluer au départ la gravité de la maladie. Ces termes ont chacun un sens précis qu’il faut se faire expliquer.
N’hésitez pas à solliciter le médecin.
– Ne confondez pas l’affection qui vient de frapper votre proche avec celle de tel ou tel parent ou ami : un cancer peut avoir des caractéristiques différentes d’une personne à l’autre, et nécessiter des traitements bien différents.
– Ne cherchez pas de prévisions chiffrées dans l’avenir : elles seraient illusoires et dangereuses. Personne ne peut prédire l’avenir. Tout au plus peut-on évaluer la gravité de la maladie, et ses risques éventuels. C’est le rôle des examens pratiqués par les médecins, véritables outils pronostiques, qui leur permettent de mieux adapter les traitements à chaque personne.
Les erreurs à éviter :
– Deux erreurs sont fréquentes, aussi délétères l’une que l’autre :
- Attitude de panique : essayez de ne pas fondre en larmes, montrez que vous avez confiance en l’avenir.
- Attitude de minimisation de la situation en pensant rassurer (“ce n’est pas grave, tu vas guérir”) : ne niez pas la gravité de la maladie, n’infantilisez pas le patient.
(1) Définie à l’article L.1111-6 du code de la santé publique
(2) Code de la santé publique, art. L.1111-44
– L’important est de savoir trouver le moyen terme : montrer que l’on comprend la détresse de la personne, qu’on la partage, mais avancer le “contre-feu” :
le traitement, porteur d’espoir, qui lui permettra de guérir de la maladie. Et surtout laissez-lui bien entendre que vous serez là, toujours présent tout au long de cette période incertaine. Que vous serez à ses côtés pour l’assister, l’aider dans sa vie quotidienne.
– Y a-t-il certains mots à éviter ?
Aucun mot n’est en lui-même “toxique”, mais il faut savoir comprendre ce que le patient attend, ou plutôt ce qu’il souhaite “ne pas entendre”. Les sensibilités diffèrent d’une personne à l’autre. Mais, surtout, il est capital de ne pas décider à sa place ce qu’il est opportun de dire ou pas. Trop souvent, inconsciemment, sous prétexte de le protéger, c’est en fait soi-même que l’on essaie de préserver.
Source : Ligue contre le cancer
Quelques conseils
L’annonce d’un diagnostic de cancer est un moment très difficile à vivre pour la personne concernée. Les médecins le savent et procèdent souvent par étapes, de manière à expliquer le mieux possible la situation et les options thérapeutiques. Pour l’entourage, il s’agit aussi d’une étape importante et souvent déstabilisante. La douleur et l’absence de renseignements clairs sur la maladie expliquent que l’on se sente désemparé.
Aussi, pour être en mesure d’apporter une aide réelle à votre proche, la première étape est d’accepter le diagnostic. Se documenter sur la maladie et ses traitements peut être un premier pas vers cette prise de conscience et peut vous aider à mieux appréhender l’avenir.
– Une présence réconfortante. Une fois cette étape passée, il s’agira de trouver les bons mots pour soutenir votre proche malade. Mais n’oubliez pas que lui aussi a besoin de temps pour accepter le diagnostic. S’il refuse d’en parler, ne le brusquez pas. Votre seule présence saura le réconforter. Laissez-le aborder le sujet quand il se sentira en mesure de le faire.
– Ne pas aggraver… Évitez d’avoir un discours alarmiste. Le diagnostic vient d’être posé et les traitements n’ont pas encore commencé. Essayez de rester optimiste et de faire corps avec les autres membres de la famille. En revanche, vous pouvez faire part à votre proche malade de vos émotions, pour lui montrer que vous partagez cette épreuve avec lui.
– … Ni minimiser la situation. Parallèlement, en essayant de vous montrer le plus rassurant possible, vous pouvez heurter la sensibilité du malade. Un sentiment de culpabilité peut naître chez lui… Des phrases du type « ne t’en fais pas, ce n’est rien » sont à proscrire. Le cancer n’est pas une maladie légère. C’est en s’armant de courage, et en s’entourant de professionnels compétents qu’on a le plus de chances de s’en sortir.
Les réactions du patient face à la maladie peuvent parfois être déroutantes. Chaque personne va en effet s’adapter et développer ses propres moyens de défense, selon sa sensibilité et son histoire. Comment, dans ces conditions, trouver la bonne attitude ?
Face à un malade agressif. Devant des nouvelles pénibles et brutales, le malade peut réagir avec agressivité, avoir des mots durs à votre égard. Pour éviter de tomber dans un sentiment de culpabilité, il peut même vous adresser des reproches. Cette agressivité traduit parfois une peur d’être abandonné, sa maladie l’ayant recalé à un statut de membre passif de la famille. Comment réagir alors ? Quelques conseils simples pour vous aider à mieux vous adapter :
– Soyez indulgent. Comprenez bien que cette agressivité n’est qu’un moyen de défense face à un profond désarroi. Adoptez une attitude calme et sereine. Cherchez à éviter tout différend. Si vous le sentez angoissé, aidez-le à accepter la réalité par des mots justes. Soyez prévenant et attentionné. Cela suffit parfois à dissiper toute mauvaise humeur.
Face à un malade dans le déni. Certaines personnes qui souffrent d’une maladie grave ont tendance à dissimuler toutes leurs émotions. Elles restent impassibles face à l’annonce du diagnostic et donnent l’impression que rien ne les atteint. Or dans la plupart des cas, il s’agit une nouvelle fois d’une armure, tant pour se protéger que pour protéger son entourage. Si votre proche adopte ce genre d’attitude, vous pouvez améliorer vos échanges :
– Mettez le malade suffisamment à l’aise pour qu’il comprenne qu’il n’a pas à garder un masque avec vous. Ayez confiance en lui pour qu’il ait confiance en vous. - Montrez-lui que vous êtes prêt à l’aider et que vous êtes là pour surmonter ensemble cet obstacle. Veillez toutefois à respecter son indépendance, le malade doit sentir que vous proposez du soutien et non pas que vous voulez en imposer. - Tendez-lui la main, par une parole ou par un geste. Vous pouvez par exemple dévoiler une partie de votre propre jardin secret, c’est une méthode très incitative à la parole.
Face à un malade dans le silence. Il est possible que la personne refuse systématiquement de discuter de la maladie avec vous. Elle peut aussi refuser que vous l’accompagniez lors des visites chez le médecin. C’est aussi une façon de vous protéger et de se protéger. Face à cela, il est délicat de trouver la bonne attitude.
– Evitez de consulter les médecins à l’insu du malade. Cela ne servira à rien puisque les soignants ont le devoir de respecter le secret médical et la volonté du malade. - Vous pouvez néanmoins faire intervenir l’équipe soignante afin de convaincre le malade de vous parler. Montrez que vous êtes assez fort pour accepter le diagnostic et que vous êtes là pour lui apporter une aide concrète.
– Sinon, proposez à votre proche de se confier à une tierce personne, un(e) ami(e) notamment avec qui il ne partage pas le quotidien mais qui pourra lui prêter une oreille attentive.
Accompagner un proche atteint d’un cancer est un défi de tous les jours. S’il n’y a pas de recette miracle, la communication et l’écoute de l’autre restent primordiales. Avis d’experts :
« Le cancer fait prendre conscience de ce qu’est la vraie solitude », explique Nicole Landry-Dattée, psychologue-psychanalyste à l’unité d’onco-psychologie de l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (94). « La personne malade sait que personne ne peut vivre cette épreuve à sa place. Et pour l’entourage, il y a cette tristesse de ne pouvoir rejoindre l’autre dans sa souffrance. »
Pierre Saltel, psychiatre au centre Léon-Bérard de lutte contre le cancer à Lyon (69), souligne « le cancer est parfois plus perturbant pour les proches que pour le malade. Après un instant légitime de désarroi, la personne atteinte d’un cancer va retrouver ses marques. Il est parfois plus compliqué de regarder quelqu’un se débattre que de se débattre soi-même. »
Nicole Alby, présidente d’Europa Donna France, association qui réunit les femmes ayant souffert d’un cancer du sein, partage cet avis : « Les proches ont mal eux aussi, ils se demandent comment aider la personne malade. Mais on ne peut pas se mettre à la place de l’autre. Il faut accepter d’être à côté. »
Pour le docteur Pierre Saltel, psychiatre au centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard de Lyon (69), « quelqu’un qui souffre d’un cancer a besoin d’une aide très concrète, de témoignages d’affection et d’une forme de confiance. Certains proches ont souvent des propos confiants aux lèvres : « Il faut avoir le moral », « Il faut être souriant ». Reste que le challenge est de savoir témoigner de la confiance au malade sans pour autant lui faire porter toute la responsabilité de l’évolution de sa maladie. »
« Il est difficile pour un proche d’avoir une juste appréciation du cancer », précise Pierre Saltel. « IAu départ, l’entourage peut avoir tendance à dramatiser puis, au fur et à mesure que les traitements se mettent en place, il se laisse bercer de douces illusions, se disant que leur proche est totalement guéri. » « Il est essentiel de garder la communication à un niveau assez authentique », souligne le docteur Françoise Bessis, présidente de l’association Psychisme et Cancer. Le malade a besoin de s’appuyer sur quelqu’un mais il ne s’agit pas de l’infantiliser. »
« Le cancer est une maladie chronique qui demande un accompagnement sur la durée, une aide renouvelée mais c’est au malade d’en faire la demande », reprend Françoise Bessis.
Nicole Landry-Dattée conclut : « Le proche ne doit pas forcément être dans le faire mais dans l’être. C’est leur présence qui importe. »
(Source Proximologie.com)
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