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13 décembre 2012
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Cancer de l’estomac opéré: comment prédire la réponse à la chimiothérapie et le pronostic ?

Prediction of response and prognosis by a score including only pretherapeutic parameters in 410 neoadjuvant treated gastric cancer patients
Lorenzen S, Blank S, Lordick F, et al.
Ann Surg Oncol. 2012 Jul;19(7):2119-27

 

La réponse clinique ou histologique à la chimiothérapie néoadjuvante est un facteur pronostique indépendant dans les cancers de l’estomac locament avancés [1]. Cependant aucun paramètre prédictif de la réponse à la chimiothérapie ou pronostique n’a été évalué prospectivement.

 

Une population de 410 patients traités par chimiothérapie suivie de chirurgie a permis d’identifier les facteurs d’intérêt et  de préciser un score pronostique par analyse multivariée. La réponse clinique a été évaluée selon les critères RECIST et la réponse morphologique selon le score décrit par Becker et al. basé sur le pourcentage de cellules tumorales résiduelles [2].

 

Trois facteurs prédictifs d’une bonne réponse à la chimiothérapuie et d’un bon pronostic ont  ainsi été identifiés:

  • la localisation au tiers moyen de l’estomac (12% des patients) (p=0,001),
  • le caractère bien différencié de la tumeur (18,8% des patients) (p=0,001)
  • et le type intestinal de la classification de Lauren (43,2% des patients) (p=0,03).

 

Un score pronostique a été construit permettant d’individualiser 3 groupes de patients à risque différent en fonction de la présence ou non des 3 facteurs précédents : faible (n=73), modéré (n=274) et élevé (n=63). Ces trois groupes présentaient des réponses clinique (p=0,007) et histologique (p=0,001) à la chimiothérapie significativement différents avec des taux de survie à 5 ans de 65,3%, 41,2% et 21,2% respectivement (p<0,001). Les auteurs concluent que ce score basé sur 3 variables disponibles en préthérapeutique permet de prédire la réponse à la chimiothérapie et le pronostic chez des patients recevant un traitement multimodal pour cancer de l’estomac.

 

Commentaires

 

La chimiothérapie péri-opératoire est le standard européen de prise en charge des adénocarcinomes gastriques localement avancés. Cependant certains patients ne vont pas bénéficier du traitement que ce soit en termes de réponse tumorale ou de survie. La communauté scientifique cherche de plus en plus à identifier des sous-groupes de patients ne bénéficiant pas de cette stratégie standard [3], objectif de la présente étude, dans le but d’une approche thérapeutique personnalisée.

 

La plupart des facteurs pronostiques identifiés sont connus en postopératoire tels que le stade pT, le stade pN, l’invasion périnerveuse ou périvasculaire, la résection complète, la différenciation tumorale et la classification de Lauren [4].

 

Les facteurs identifiés ici sont tous des facteurs-tumeur et on regrette qu’aucun facteur- patient ne compose le score. On retrouve à nouveau l’information importante que les formes diffuses de Lauren, quasiment synonyme d’adénocarcinome à cellules indépendantes, soit plus chimirésistantes que les formes intestinales bien différenciées [5]. Il est quelque peu étonnant qu’en analyse multivariée la différenciation tumorale et la classification de Lauren sortent de façon indépendante car ces deux variables sont en forte inter-relation, les formes diffuses de Lauren représentant pour majorité des formes peu différenciées. Ces résultats imposent une précision diagnostique élevée de la biopsie initiale, qui reste un échantillonage tumoral, alors même que l’on connait l’hétérogénéité cellulaire dans le cancer gastrique. Comme tout score pronostique, ce score doit être validé dans une seconde cohorte indépendante avant d’être validé. L’avenir est cependant plus à l’identification de facteurs moléculaires prédictifs de la réponse à la chimiothérapie, avec des signatures moléculaires qui pourraient être utilisées seules ou en association aux facteurs cliniques connus.

 

Message à retenir

 

La réponse à la chimiothérapie néoadjuvante et le pronostic peuvent être appréhendés grâce à 3 variables simples disponibles dès la phase préopératoire. La localisation au tiers moyen de l’estomac, le caractère bien différencié de la tumeur et le type intestinal de la classification de Lauren sont des facteurs prédcitifs de bonne réponse à la chimiothérapie et de bon pronostic.

 

Références

 

1. Lowy AM, Mansfield PF, Leach SD, Pazdur R, Dumas P, Ajani JA.Response to neoadjuvant chemotherapy best predicts survival after curative resection of gastric cancer. Ann Surg. 1999;229:303-8.

 

2. Becker K, Mueller JD, Schulmacher C, et al. Histomorphology and grading of regression in gastric carcinoma treated with neoadjuvant chemotherapy. Cancer. 2003 1;98:1521-30.

 

3. Robb WB, Mariette C. Predicting the response to chemotherapy in gastric adenocarcinoma: who benefits from neoadjuvant chemotherapy? Recent Results Cancer Res. 2012;196:241-68.

 

4. Rohatgi PR, Mansfield PF, Crane CH, et al. Surgical pathology stage by American Joint Commission on Cancer criteria predicts patient survival after preoperative chemoradiation for localized gastric carcinoma. Cancer. 2006;107:1475-82.

 

5. Messager M, Lefevre JH, Pichot-Delahaye V, Souadka A, Piessen G, Mariette C; FREGAT working group – FRENCH. The impact of perioperative chemotherapy on survival in patients with gastric signet ring cell adenocarcinoma: a multicenter comparative study. Ann Surg. 2011;254:684-93.