Accueil / Traitement du cancer : pourrait-on faire beaucoup mieux ?


  • Article

Traitement du cancer : pourrait-on faire beaucoup mieux ?

Tweet about this on TwitterShare on FacebookShare on Google+Share on LinkedInShare on RedditEmail this to someone

questionIl serait possible de guérir tous les cancers si la recherche contre cette maladie était moins sclérosée, selon un chercheur.
 » Chaque année, 150 000 malades meurent de notre conformisme et de notre impuissance à remettre en cause un dogme que nous savons pourtant tous inefficace.  » L’homme qui dresse ce triste constat, dans un livre* à paraître demain, est cancérologue. Selon lui, après des décennies de fol espoir, la fatalité a envahi les centres de recherche contre le cancer. Les courbes de survie sont en berne, la mortalité augmente (malgré ce qu’indiquent les chiffres officiels) et les traitements sont toujours plus chers, mais pas pour autant de plus en plus efficaces.
Cet auteur à la plume acérée mais à la voix posée s’appelle Laurent Schwartz. Il a exercé à la prestigieuse Harvard Medical School (Massachusetts) et il a réuni, pour poursuivre ses études, d’éminents scientifiques de diverses disciplines dans le cadre de l’École polytechnique. Tous ensemble, ils sont bien déterminés à explorer de nouvelles voies thérapeutiques. Leurs premiers résultats expérimentaux sont, selon leurs dires, extrêmement encourageants. Mais ils peinent à les faire admettre à une communauté scientifique et médicale.

La vie synthétise ou brûle
Pour ce spécialiste, les cellules ne sont que la somme de ce qu’elles digèrent.  » À un système simple correspondent des mécanismes simples « , explique le Pr Schwartz.  » Un excès de nourriture crée une inflammation. Et l’incapacité à brûler complètement déclenche un cancer.  » En d’autres termes, la vie synthétise ou brûle. Le cancer est un état hybride qui synthétise et qui brûle, il est la résultante d’un conflit entre deux signaux simultanés incohérents. C’est donc ce désordre, cette inflammation, qui doit être la cible des traitements.
Même si les explications concernant les mécanismes en jeu sont parfois un peu compliquées, il n’empêche que l’équipe de Polytechnique n’est pas la seule à travailler dans cette voie, qui a été décrite par des chercheurs allemands dès 1930, qui a été récompensée par un prix Nobel, avant d’être oubliée. Un phénomène fréquent en science, note Laurent Schwartz. Avec son équipe, il affirme avoir guéri des souris présentant des cancers du côlon, des mélanomes et autres. Des résultats qu’ils ont d’ailleurs publiés.

« J’en veux aux laboratoires »
L’histoire de l’un de ses amis physiciens,  » condamné en 2003 par un cancer « , mais toujours en vie après avoir bénéficié du traitement expérimental (il n’est pas le seul dans ce cas dans le monde), est racontée en prologue de cet ouvrage, pour appuyer la demande de l’équipe de pouvoir réaliser des essais  » carrés  » chez l’homme, avec les molécules utilisées chez l’animal. Mais l’industrie pharmaceutique n’est pas intéressée, car ce sont des produits anciens, déjà prescrits dans d’autres indications. Et donc pas brevetables.
D’où la conclusion violente du cancérologue :  » J’en veux aux laboratoires, j’en veux à cette médecine aux ordres, sans imagination et sans résultats, qui pontifie volontiers mais ne crée plus rien. Cette médecine qui s’acharne à fabriquer des molécules complexes, à l’efficacité souvent douteuse, parce qu’elle est engoncée dans sa routine et dans des hypothèses de départ qui sont le plus souvent erronées.  »
Son premier livre (qui mettait déjà en doute les traitements prescrits), en 1998, lui avait valu une interdiction professionnelle de la part du directeur de l’hôpital parisien dans lequel il exerçait. Deux ans plus tard, il gagnait son procès et réintégrait son poste, mais  » dans un placard  » qu’il a quitté pour aller travailler à Polytechnique. Sera-t-il entendu cette fois ? La guerre contre le cancer ne nécessite-t-elle pas d’explorer toutes les pistes ?

Répondre

Vous devez être connecté pour ajouter un commentaire.