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Cancer du sein : une étude sur « les filles du Distilbène »

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femme-enceinteUne vaste enquête épidémiologique a été lancée mardi en France pour juger les effets de cette hormone de synthèse, prescrite jusqu’en 1977 aux femmes enceintes, sur leurs enfants et leurs petits-enfants.

Le scandale sanitaire lié aux effets néfastes du Distilbène (aussi commercialisé sous le nom Stilboestrol Borne) connaît un nouveau tournant. Pour la première fois en France, une étude épidémiologique est lancée pour évaluer les dégâts sur trois générations, et notamment les risques accrus de cancer du sein, liés à cette hormone de synthèse, le diéthylstilboestrol ou DES, prescrite aux femmes enceintes dans les années 1950 à 1970 pour éviter les fausses couches.

Toute personne, concernée ou non, peut se connecter dès maintenant (et avant la fin août 2013) sur le site de l’étude*, pour répondre à un questionnaire anonyme, sous l’égide de l’Association de patients « Réseau DES France », avec le soutien de la Mutualité française et le financement de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

On a appris peu à peu, depuis son interdiction aux États-Unis en 1971, que quelque 160.000 femmes françaises dont les mères avaient pris cette hormone étaient susceptibles d’avoir été affectées in utero et pouvaient rencontrer à l’âge adulte des malformations génitales, des difficultés de fertilité ou des cancers particuliers du col de l’utérus. Certaines, à l’image de l’écrivain et psychanalyste Marie Darrieussecq, ont témoigné d’un parcours chaotique et douloureux dès lors qu’elles avaient à leur tour souhaité des grossesses.

Un budget de 40.000 euros

« On croyait la page tournée. On pensait que les filles du Distilbène auraient la paix », a expliqué mardi le Pr Michel Tournaire, gynécologue obstétricien ancien chef de service de la Maternité Saint-Vincent de Paul à Paris. « Or en 2006 une étude américaine a montré deux fois plus de risques de cancer du sein parmi ces femmes après 40 ans », poursuit le médecin. « Puis en 2010, une contre-étude, cette fois aux Pays-Bas, a avancé des résultats inverses, mais les âges et les dosages retenus n’étaient pas les mêmes qu’aux États-Unis. C’est pourquoi nous devons lancer une vaste étude en France, pour évaluer toutes les conséquences du Distilbène sur 3 générations : les mères auxquelles on a prescrit cette hormone, leurs filles et leurs fils exposés in utero, puisqu’on a découvert que les garçons aussi pouvaient être touchés, et leurs petits-enfants

« La naissance de mon premier fils m’a donné il y a quelques années la force de témoigner », a rappelé mardi Marie Darrieussecq. « Mais aurai-je un risque accru de cancer du sein? Mes trois enfants risquent-ils des problèmes de stérilité? C’est encore très flou et il importe de chercher les réponses. »

Pour une étude aussi capitale, le budget alloué par l’Agence de sécurité du médicament (ANSM) n’est cependant que de 40.000 euros. Si la mobilisation prend, on est en droit de souhaiter que les pouvoirs publics décident d’investir davantage dans le projet.

Art. extrait : www.lefigaro.fr

* Également sur papier, + d’infos au 05 58 75 50 04. Pour permettre les comparaisons avec un groupe témoin, sont également appelées à répondre au questionnaire massivement et de manière anonyme les femmes âgées de 36 à 63 ans non exposées au DES.

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