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Plainte pour non-dépistage d’un cancer de la prostate

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tumeurCette affaire judiciaire relance la polémique sur l’intérêt du dépistage individuel de cette pathologie.
Le tribunal de grande instance de Troyes (Aube) est en train d’instruire une affaire pas banale, qui pourrait influencer le diagnostic du cancer de la prostate. Un homme âgé de 63 ans aujourd’hui et souffrant d’une tumeur prostatique non opérable accuse son médecin d’avoir tardé à diagnostiquer sa maladie.
En 2002, le patient, alors âgé de 51 ans, consulte un urologue pour des coliques néphrétiques. L’examen met alors en évidence, entre autres, une prostate légèrement augmentée de volume. Il est examiné au cours des années suivantes par différents praticiens pour d’autres pathologies. À la suite d’une douleur au niveau du sacrum en septembre 2007, son généraliste demande un dosage de PSA (Prostate Specific Antigen), un marqueur du cancer de la prostate, qui se révèle très élevé. Au vu des résultats, son médecin traitant l’adresse à un urologue, qui diagnostique un cancer de la prostate extensif. Pour le patient, il y a eu un retard de diagnostic. Il estime que son médecin aurait pu effectuer le test plus tôt, ce qui aurait permis, selon lui, de découvrir la maladie à un stade où elle était encore opérable.
Cette plainte remet au cœur de l’actualité le débat autour du dépistage du cancer de la prostate. On sait en effet qu’un test simple, le dosage dans le sang de ce marqueur, le PSA, permet de sélectionner une population à risque nécessitant d’autres examens complémentaires (biopsies, en particulier) pour confirmer ou infirmer le diagnostic de cancer. Mais cette stratégie a pour corollaire d’augmenter de manière considérable le nombre de cas de cancer identifiés, dont certains ne présentent aucune agressivité. En clair, la pratique d’un dépistage élargi impose une prise en charge relativement agressive à des patients qui n’en ont pas besoin.
Dans ce contexte, la Haute Autorité de santé a rendu en avril 2012 un avis où elle déconseille formellement de dépister le cancer de la prostate systématiquement par le dosage de PSA, y compris dans les groupes à risque. Le dosage ne serait recommandé que lorsqu’il existe des symptômes évocateurs (grosse prostate, troubles mictionnels, etc.).

La baisse de la mortalité liée au diagnostic précoce
Les urologues ne partagent pas forcément cette position, mais le disent poliment. L’Association française d’urologie, dans un communiqué envoyé à l’occasion de cette affaire judiciaire, rappelle qu’elle prône, elle, « une détection précoce du cancer de la prostate qui peut être proposée à titre individuel après information objective pour ne pas méconnaître ou laisser évoluer un éventuel cancer agressif de la prostate ». Il y a en France chaque année 70.000 cas de cancer prostatique diagnostiqués, et 8 000 décès. La baisse de la mortalité, de l’ordre de 4 % par an au cours des quinze dernières années, est liée aux progrès thérapeutiques, mais aussi sans aucun doute au diagnostic précoce grâce au dosage de PSA. Mais la contrepartie, c’est un nombre élevé d’interventions et de traitements inutiles pour des tumeurs non agressives que l’on ne sait malheureusement pas distinguer des cancers justifiant un traitement de choc.
« Nous, urologues, nous devons parler à nos patients, explique le Pr Marc Zerbib (service d’urologie, hôpital Cochin, Paris), les informer, proposer éventuellement un dosage dans le cadre du colloque singulier et leur laisser le choix. »

Art. extrait : www.lefigaro.fr

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