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Fukushima : des risques de cancer de la thyroïde pèsent sur les enfants

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masqueSi les radiations de la catastrophe nucléaire n’ont tué personne à ce jour, des cancers de la thyroïde ont été détectés chez les enfants, qui pourraient être les principales victimes de la radioactivité. Ils apprennent à se protéger

Trois cas diagnostiqués, sept autres suspectés.
Depuis quelques mois, la préfecture de Fukushima égrène tristement les annonces de nouveaux cancers de la thyroïde découverts chez ses enfants. Nul n’est en mesure d’affirmer s’ils sont liés à la catastrophe qui s’est déroulée il y a deux ans. Mais la thyroïde, cette glande située au niveau de la gorge, a pour particularité de concentrer l’iode radioactif libéré en grande quantité lors des accidents nucléaires, ce qui peut provoquer à terme des cancers. Et les enfants, dont la thyroïde est en pleine croissance, sont les premiers touchés par cette contamination.

À Tchernobyl, vingt-six ans après, pas moins de 7 000 cancers de la thyroïde sont ainsi imputés à la catastrophe. Faut-il s’attendre à une même explosion des tumeurs dans la préfecture de Fukushima ?
Dans un rapport publié fin février, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu une hausse du risque dans les zones les plus contaminées. La plus élevée concerne les filles exposées au stade du nourrisson, dont la probabilité de contracter une tumeur à la thyroïde augmenterait de 70 %. Elle passerait de 0,75 % en temps normal à 1,25 %. Autrement dit, ce type de cancer étant rare et les populations concernées restreintes, la hausse pourrait bien rester inaperçue. Greenpeace fustige l’OMS, jugeant qu’elle « sous-évalue honteusement » l’impact des radiations.

En attendant d’en savoir plus, les familles sont condamnées à apprivoiser l’incertitude, l’attente. Une vaste étude épidémiologique suit les quelque 360 000 enfants présents sur le territoire à l’époque du drame. En septembre, ses premiers résultats ont provoqué la panique : des nodules ou des kystes ont été retrouvés chez 40 % des 100 000 enfants ayant déjà subi une échographie. Sont-ils les précurseurs d’une explosion de tumeurs ? « Seuls les nodules et kystes d’un diamètre respectivement supérieur à 5 millimètres et à 20 millimètres sont inquiétants – ce qui concerne 0,5 % du panel », tempère Jean-René Jourdain, de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. « Il est par ailleurs trop tôt pour se prononcer : Tchernobyl nous a enseigné qu’une hausse n’est perceptible statistiquement que cinq ans après la catastrophe. Et un cancer peut se développer jusqu’à quarante ans après une exposition. »

Les enfants de Fukushima, dont certains vivent avec un dosimètre autour du cou, apprennent donc à vivre avec un ennemi invisible qui hante leur quotidien. Si l’iode radioactif a disparu, les dépôts de césium demeurent. Et personne ne peut certifier l’innocuité des faibles doses de radioactivité sur la santé. Alors on apprend aux enfants à dormir au rez-de-chaussée, loin du césium accumulé sur les toits. À ne sortir qu’une trentaine de minutes par jour – ils sont de plus en plus nombreux à souffrir d’obésité, faute d’activités en plein air. On leur offre des temps de « récupération », comprendre quelques heures passées dans une zone moins contaminée, pour jouer dans l’herbe sans affoler les dosimètres.

Faut-il quitter Fukushima ? Pour les parents, le dilemme est cornélien. À ce jour, 160 000 personnes ont tout abandonné. Soit parce qu’elles vivaient dans des zones désormais interdites, soit parce qu’elles ont décidé de fuir, volontairement, la radioactivité.
Mais comment reconstruire sa vie ailleurs, sans maison, ni travail, ni amis, et sans aide de l’État ? « Je suis le gagne-pain de ma famille. Si je m’en vais, je n’ai aucune chance de maintenir mon niveau de revenus actuel », lance Yoshihiro Kanno, un habitant de la ville de Fukushima, qui témoigne sur Internet. Il ne s’en inquiète pas moins pour ses deux enfants. « Papa, ne t’en fais pas, je ne partirai pas », lui a un jour avoué sa fille. « Les gens hors de Fukushima ne voudront pas me demander en mariage. »

Art. extrait : www.sudouest.fr

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