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Cancer : Alain Lipietz suspend ses dons aux associations

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loupe2Le député européen écologiste reproche aux associations de ne pas suffisamment financer les recherches liées à la prévention. Arguant d’une recherche fondamentale globale, celles-ci lui répondent.

« Je suspends mes contributions, jusqu’à ce que vous daigniez vous intéresser au sort de ceux qui n’ont pas encore le cancer »… Dans une lettre ouverte aux associations de lutte contre le cancer, publiée le 15 janvier dans Libération , Alain Lipietz annonce qu’il arrêtera en 2013 les dons qu’il fait « depuis le cancer de (sa) compagne, décédée il y a quelques années ».
Le député européen écologique (Europe Écologie-Les Verts) s’attaque frontalement au financement de la recherche par les associations, dénonçant un manque d’investissement dans le domaine de la prévention. « Je dois bien le constater, dans les recherches que vous financez avec nos dons: la prévention n’y a aucune place. »

Il réserve ses dons à d’autres associations
Plus précisément, Alain Lipietz évoque la prévention environnementale, à commencer par les OGM. « Votre passivité face aux expériences de Gilles-Éric Séralini m’a choqué », explique-t-il, revenant sur l’étude choc et controversée, menée par le biologiste Gilles-Éric Séralini sur les effets des OGM sur les rats. « Je m’attendais à une ruée de la recherche française vers des expériences tendant à confirmer ou à infirmer celle de Séralini. »
« Vous étiez notre seul espoir », crie-t-il à ces associations et fondations, évoquant en parallèle un « hygiénisme public anti-Total ou PSA » qui «n’est pas pour demain »… En conséquence de quoi, il réservera ses dons aux « associations pour l’environnement, pour le soutien aux plus démunis, aux recherches sur Alzheimer… »
Du côté des associations, on comprend le « coup de gueule » du député et l’on reconnaît qu’il met le doigt sur une problématique reconnue. « En France, structurellement et philosophiquement, on préfère guérir plutôt que prévenir », résume Christophe Leroux, délégué à la communication et au développement de la Ligue nationale contre le cancer. Il rappelle qu’en Europe, l’Hexagone se situe en avant-dernière position en matière de prévention, devant le Portugal.

50% des cas de cancer pourraient être évités
« Pour autant, Alain Lipietz se trompe de coupable», poursuit-il, évoquant un nécessaire « changement de paradigme ». « Les choses évoluent cependant », tempère-t-il, citant le « deuxième plan cancer » de Nicolas Sarkozy, et le troisième, lancé par François Hollande.
Par ailleurs, les associations mettent en avant une « recherche fondamentale globale ». Ainsi lorsqu’on étudie le mécanisme de la tumeur, il s’agit bien de prévention. Elles expliquent aussi que cette prévention ne saurait se réduire aux questions environnementales. Selon les études internationales, 50% des cas de cancer pourraient être évités -1000 nouveaux cas sont recensés chaque jour- et la prévention prend en compte les données suivantes: 30% des cancers sont liés aux comportements individuels -tabac, alcool et inactivité physique arrivant en tête-, 20% viennent des infections (comme le papillomavirus qui provoque des cancers du col de l’utérus), 5 à 10% sont attribuables à l’hérédité, et 5 à 10% enfin liés à des facteurs environnementaux, parmi lesquels amiante, pesticide, soleil, pollution…

Recherche autour des pesticides
Premier financeur non gouvernemental de la recherche, avec 95 millions d’euros de ressources par an, la Ligue contre le cancer avance qu’elle a financé dès 2005 un projet de recherche autour des pesticides. « Peut-être n’avons-nous pas suffisamment communiqué ? interroge Christophe Leroux. Il est vrai que nous avons mis en avant le tabac qui fait 77.000 morts par an… »
L’Arc (35 millions d’euros de budget annuel) s’est aussi intéressé au sujet des pesticides. « Quant au dossier OGM, il est très particulier», souligne Jacques Raynaud, son président. Si des chercheurs nous demandent de financer des projets de recherche irréprochables et rigoureux, nous le ferons, évidemment. »
Citée en tête de liste dans la tribune d’Alain Lipietz, la Fondation de l’avenir reconnaît qu’elle ne mène pas de recherches dans le domaine de la prévention environnementale. Mais rappelle que son budget annuel n’est que de 4 millions d’euros et que ses recherches sont multithématiques. « 20% des projets financés concernent le cancer », explique Fabienne Duboscq, directrice déléguée de cette fondation financée à 50% par les dons. « Nous intervenons sur la prévention des récidives et le diagnostic précoce. La prévention environnementale, ce n’est pas notre rôle. Si Alain Lipietz choisit de se tourner vers d’autres associations spécialisées, cela ne me choque pas. » Une chose est sûre: il ne fera plus partie de ses donateurs 2013.

Art. extrait : www.lefigaro.fr

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